samedi 9 février 2019

Nicolas TRIFON, Les Aroumains, Un peuple qui s’en va

Nicolas TRIFON, Les Aroumains, Un peuple qui s’en va, Edition Acratie, 2005, 480 pages. (isbn : 2-909899-26-8) 

Résumé par Jean-Arnault Dérens:

Dans la configuration nationale des Balkans, les Aroumains occupent une position tout à fait spécifique. Ce peuple de bergers semi-nomades et de commerçants, historiquement concentré dans le massif du Pinde, dans le nord de la Grèce, ainsi qu’en Albanie et en Macédoine, a conservé comme un trésor précieux sa langue, d’origine latine, proche mais différente du roumain. A partir de la seconde moitié du XIXe siècle, les Aroumains ont développé un mouvement national, comme tous les autres peuples des Balkans. Cependant, ce mouvement n’a jamais exprimé de revendication territoriale ni étatique. Perçus en Roumanie comme des « Roumains du sud du Danube », vus par la Grèce comme une composante de l’hellénisme, les Aroumains représentaient donc une exception, et même une « anomalie », quand les Etats-nations affirmaient leurs prétentions exclusives dans les Balkans.


Nicolas Trifon rassemble ainsi l’essentiel des connaissances sur l’origine des Aroumains et leur histoire, jusqu’au renouveau culturel de ces dernières années. Inscrivant son propos au cœur des débats sur le phénomène national, il démontre la place singulière de ce « peuple en trop », au regard des critères dominants depuis le XIXe siècle. Une pièce souvent cachée, mais essentielle, de la mosaïque balkanique.

Jean-Arnault Dérens

Mon avis:

Cet ouvrage, je l'avais acquis en 2005 car j'étais réellement intéressé par les minorités vivant en Grèce. Le sujet des Valaques, Koustovalaques, Aroumains...etc était une problématique qui m'attirait tout comme les Pomaks, Arvanites et autres Sarakatsanes. La différence est que la langue des locuteurs est au centre de ces questions de minorités autres que Sarakatsanes qui n'ont pas de langue identitaire autre que le grec moderne (démotique).

Nicolas Trifon est LE spécialiste francophone sur ce sujet, son ouvrage polémique sur la question de la disparition prochaine et annoncée de ce peuple à la langue particulière (issu à l'origine des langues roumaines). L'ouvrage est particulièrement captivant sur le sujet, documenté, vaste et n'oublie que peu de thématiques liées à la question aroumaine. La bibliographie est très utile et emmène vers des auteurs étrangers qui eux aussi apportent des éléments précieux pour comprendre le peuple Aroumain, ses origines et ses perspectives de survie. L'outil cartographique et les études de l'auteur sont précieuses, la lecture est très instructive et on est vite captivé par le sujet.
On s'attache rapidement à ce peuple via les pages de l'ouvrage, la cartographie et les études complémentaires de quelques auteurs dont Pr.Béis donnent toute l'envergure de ce sujet qui évidemment n'est pas dévoilé dans l'actualité de la société grecque.

Pour les intéressés, il existe quelques autres ouvrages de Nicolas Trifon et un recueil de chansons bilingues (franco-grec) koutsovalaques de Thessalie qui permettent de poursuivre la réflexion sur le patrimoine Aroumain: Samuel BAUD-BOVY, Les chansons aromounes de Thessalie, Ekdotikos Oikos Adelfon Kyriakidi, Thessaloniki, 1990.

Ma note: 8,5/10

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