mercredi 6 février 2019

Régis DARQUES, Salonique au XXe siècle

Régis DARQUES, Salonique au XXe siècle, CNRS Éditions, Collection Espace et Milieux, 2000, 392p.
(ISBN : 2271056608)               
Résumé (extrait d'un commentaire de David Carasso, Cosmopolis.ch, 2000):

De la cité ottomane à la métropole grecque

Le 26 octobre 1912, après plus de quatre siècles de domination turque, Salonique redevient grecque. une ère nouvelle s’ouvre avec la fin de la première guerre balkanique qui libère la ville pour la rendre à ses occupants premiers. Cet événement inaugure une série de transformations majeures. C’est le début d’une grande entreprise de « colonisation intérieure ».

Comment la cité ottomane cernée par ses antiques murailles a-t-elle progressivement évolué vers la métropole moderne d’envergure internationale que l’on connaît aujourd’hui, forte de son million d’administrés ? De la ville à l’agglomération puis à la région urbaine finale, comment le double processus d’expansion et de restructuration s’est-il appliqué à l’espace urbain et à la population locale ?




La cité cosmopolite du début du siècle s’est effacée par étapes successives. La mosaïque de populations juive, slave, turque, valaque, albanaise, arménienne a été remplacée par un flot d’immigrants et de réfugiés hellènes issus d’horizons proches ou lointains, dans un va-et-vient incessant de mouvements migratoires contraires. L’exode rural et les retours migratoires d’Allemagne ont entraîné une densification des constructions, et une expansion périphérique remarquable. Pourtant, la refonte du bâti, les aménagements multiples et le déferlement de l’urbanisme « néo-hellénique » n’ont pas fini d’effacer les traces de la capitale économique de la Turquie d’Europe, et d’en faire une ville sans histoire ou sans mémoire.

Déclarée capitale culturelle de l’Europe en 1997, distante d’une quarantaine de kilomètres de la frontière slavo-macédonienne, Salonique s’établit en avant-poste européen face à une péninsule balkanique soumise à de nombreuses vicissitudes : difficultés économiques graves, conflits ethniques ouverts ou latents, rouages politiques bloqués ont fait fi des espoirs de renouveau perceptibles au début de la décennie 1990.

« Le concept de la tutelle d’Athènes est parfaitement saisi avec sagacité et astucieusement présenté. L’évocation du point de vue avancé par P. Risal (Joseph Nehama) dans son ouvrage La ville convoitée qui vient d’être traduit en grec, vient très à propos. Le démembrement de l’Empire Ottoman a privé Salonique de son hinterland reléguant son port en second rang au profit du Pirée. Maintenant que les passions patriotiques se sont apaisées et que le regroupement régional est de mode et surtout imposé par des intérêts communs, il semble que Salonique puisse devenir le siège d’une association Balkanique avec les Directions des Services Financiers, Economiques, Commerciaux et Culturels, son port viendra au premier rang. Le Thermaïque prendra revanche sur l’Attique.

L’incendie de 1917, l’arrivée de réfugiés, l’anéantissement de la Communauté Israélite, la reconstruction, l’imbroglio des propriétés foncières et d’autres sujets fort intéressants sont traités avec compétence, perspicacité et objectivement, malgré les entraves de l’Administration pour faire disparaître certaines bavures politiques qui portent atteinte à l’image de la vie sociale et culturelle de la ville. » 


Mon avis:
 
 Cet ouvrage est L'OUVRAGE à disposer dans sa bibliothèque de géographie de la Grèce contemporaine. Il s'agit d'une publication issue de la thèse de doctorat de Régis Darques, c'est une référence rare concernant la littérature spécialisée sur une telle agglomération en Grèce. L'étude est fournie et d'une grande qualité issue de recherches approfondies dans les archives locales en langue grecque dans la ville de Thessalonique.

Le contenu de l'ouvrage lève des informations riches et rares sur l'histoire d'une ville si complexe et si passionnante dans son héritage. Le travail effectué sur les titres de propriétés, les archives historiques et le très bon travail de cartographie par système d'information géographique donnent une grande valeur à cette recherche et apporte une compréhension certaine pour tout passionné de ce pays et de son histoire contemporaine.

Enfin, on peut noter la qualité de la publication qui a su attirer les éditions du CNRS et la collection Espaces et Milieux et s'invite auprès d'autres ouvrages référence tels que "La Japonésie"...

On souhaiterait pouvoir disposer de tels ouvrages plus souvent!

Ma note: 8,5/10

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